domingo, 19 de septiembre de 2021

Liberté




 (*) Paul Éluard


Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J'écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre, sang, papier ou cendre
J'écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids, sur les genets
Sur l 'écho de mon enfance
J'écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons des fiancées
J'écris ton nom
Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac, lune vivante
J'écris ton nom
Sur les champs, sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin d'ombres
J'écris ton nom
Sur chaque bouffée d'aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J'écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom
Sur la lampe qui s'allume
Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes maisons réunies
J'écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front des mes amis
Sur chaque main qui se tende
J'écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom
Sur l'absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l' espoir sans souvenir
J'écris ton nom
Et par le pouvoir d'un nom
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.

miércoles, 1 de septiembre de 2021

Oda a setiembre




 (*) Pablo Neruda


Mes de banderas,

mes seco,

mes mojado,

con quince días verdes,

con quince días rojos,

a medio cuerpo

te sale humo

del techo,

después abres de golpe 

las ventanas,

mes en que sale al sol

la flor de invierno

y moja una vez más

su pequeña

corola temeraria,

mes cruzado por mil

flechas de lluvia

y por mil

lanzas de sol quemante,

septiembre,

para que bailes, 

la tierra

pone bajo tus pies 

la hierba festival 

de sus alfombras

y en tu cabeza 

un arcoiris loco,

una cinta celeste 

de guitarra. 


Baila, septiembre, baila

con los pies de la patria,

canta, septiembre, canta

con la voz de los pobres:

otros meses son largos 

y desnudos,

otros son amarillos,

otros van a caballo

hacia la guerra,

tú, septiembre,

eres un viento,un rapto,

una nave de vino.


Baila en las calles,

baila  con mi pueblo,

baila con Chile,

con la primavera,

corónate de pámpanos copiosos y de pescado frito.


Saca del arca tus banderas

desgreñadas,

saca de tu suburbio

una camisa,

de tu mina enlutada

un par de rosas,

de tu abandono

una canción florida,

de tu pecho que lucha

una guitarra,

y lo demás el sol,

el cielo puro de la primavera,

la patria lo adelanta

para que algo

te suene en los bolsillos:

la esperanza.